Par Renée
À l’heure où les cinémas remettent en route les projecteurs, à l’heure où un film culte est brutalement retiré du catalogue de HBO Max pour ses « préjugés racistes », gros plan sur ces films que la bien-pensance a cisaillés.
Où se niche le scandale ? Dans les prises de positions politiques radicales d’un réalisateur, dans l’absence de l’intouchable morale, ou bien dans l’esthétique d’un film. Le festival de Cannes résonne encore des polémiques qu’entraînèrent certains films, des fauteuils qui claquent, des sifflements. À chacun sa rage. En 2017, La Cinémathèque de Paris édifiait, avec un malin plaisir, un programme aussi étonnant que succulent : Scandales et controverses.
Scandale social
La Haine (1995)
De Mathieu Kassovitz
L’éclat eut lieu au Festival de Cannes. Boycott au bas des marches. Le service d’ordre tourne le dos à l’équipe du film, reprochant à La Haine de faire la satire de la police.
Trois banlieusards vont vivre une journée particulière. Juste après une nuit d’émeutes, née du passage à tabac d’Abdel par un flic, au cours d’un interrogatoire.
Kassovitz entraîne le spectateur là où il n’a jamais mis les pieds, le forçant à écouter des personnages qui, jusque là, n’avaient guère pris la parole. Scénario inspiré de l’affaire Makomé M’Bowolé. Six prix et douze nominations.
Scandale historique
Avoir 20 ans dans les Aurès (1972)
De René Vautier
En avril 1961, un soldat appelé en Algérie, dissèque son histoire. Antimilitariste, il prend le goût de la violence et de la guerre. Devient accro. Le réalisateur évoque la torture qui a sali davantage la guerre d’Algérie. Le film fit fracas. Subira un attentat à Paris. Mais les diffuseurs s’uniront et le film circulera en France. Vainement, en 1997, un député FN essaiera de faire interdire cette oeuvre « anti-française ». Prix de la Critique Internationale Cannes 1972.
Scandale terroriste
Timbuktu (2014)
De Abderrahmane Sissako
Dénonciation des dérives de l’islam radical, et pourtant Timbuktu fut interdit à Villiers-sur-Marne. Le maire craignait que le film ne « fasse l’apologie du terrorisme ».
En Mauritanie une famille voit sa paisible vie chamboulée par l’arrivée des islamistes et de la charia. Poignant. Récompensé par 7 Césars
Film le plus scandaleux du festival de Cannes
La grande bouffe (1973)
De Marco Ferreri
Confinement consenti. Quatre notables décident de ne plus jouer le jeu, se lancent dans un lent suicide collectif. Manger jusqu’à l’explosion. Dénonciation de l’absurdité d’une société repue. Film à la fois répugnant, doux et attachant, irrigué de références culturelles, cassant toutes les normes, il pesa lourd sur l’estomac du public. Michel Piccoli, qui fut canardé d’insultes et de crachats, dira plus tard du film qu’il était « un formidable attrape-chrétiens ». Aujourd’hui l’oeuvre porte à une réflexion philosophique.
Scandale soixante-huitard
Théorème (1968) conçu en parallèle avec le roman éponyme de Pasolini
De Pier Paolo Pasolini
À son actif des films déjà contestés, (L’Évangile selon Saint Mathieu, La Ricotta), Pasolini reçoit, pour Théorème, présenté à la Mostra de Venise en 1968, le Prix de l’office catholique à Venise. N’empêche, le Vatican jugera « moralement dangereuse » cette oeuvre. Procès pour obscénité, acquittement du cinéaste. Le film, un temps écarté des écrans, réapparaîtra.
Dans une riche famille milanaise débarque un personnage mystérieux, beau, qui offrira son sexe à chaque membre de la famille, y compris la bonne. Film quasiment muet où le désir est chose évidente, révélant chaque être à soi-même, les délivrant miraculeusement de leurs chaînes.
Anticlérical et antibourgeois
L’Âge d’or (1930)
De Luis Buñuel. Coécrit par Buñuel et Salvador Dali.
Interdiction levée en 1981. Le film était une commande de Charles de Noailles, dont l’épouse, Marie-Laure de Noailles, d’ascendance juive, était l’amie des surréalistes. Film surréaliste, subversif à l’extrême, toqué, jouissif, traversé de scènes blasphématoires pointant l’ordre bourgeois, jugé responsable de la guerre : un enfant tué à coup de fusil par son père dans l’indifférence amusée des bourgeois, un aveugle brutalisé, un ostensoir sur le trottoir, que frôlent des prostituées, et, mieux, le Christ, sortant d’une orgie, en tenue immaculée. Tous pourris.
En 1930, au Studio 28, des militants d’extrême droite déboulent, hurlant « mort aux juifs », jettent de l’encre violette sur l’écran, chassent les spectateurs à coups de canne. Suspendus dans le hall, les tableaux de Salvador Dali, Max Ernst, Miró, les photographies de Man Ray sont lacérés. Dans le monde entier courent des articles haineux, ou favorables.
Scandale religieux
La dernière tentation du Christ (1988) adaptation du roman homonyme de Níkos Kazantzákis.
De Martin Scorsese
La figure christique vue par Scorsese : quand le messie prend la forme d’un homme normal. Une gifle pour l’Église. Après avoir fait scandale aux États-Unis, le film reçut en France les coups de bâton des autorités religieuses. Sorti en salle aux forceps, le film fut salué par un attentat qui blessa quatorze personnes : des extrémistes catholiques mirent le feu au cinéma Espace Saint-Michel à Paris…
Sexe : gros malaise
Mektoub My Love : Intermezzo (2019)
D’Abdelatif Kechiche
L’écran littéralement squatté par le cul. Une journaliste, Anaïs Bordages, a compté : « 178 plans qui montrent des culs » Encore grisé par sa palme d’or pour « La vie d’Adèle » (2013), le réalisateur chavire. 3h28, et presque tout se passe en boîte de nuit ; images de danse sur une musique qui scie les nerfs, multiplication de plans sur les corps, en particulier les fesses de jeunes femmes mi-habillées, même les discussions tournent autour du cul. Éprouvant pour certains. Forcément le réalisateur est mis sur la sellette, drôle de façon de filmer les corps féminins, entend-on. À Cannes, gêné et un peu ému, Kechiche quitte précipitamment la salle, avant que le public ne réagisse. L’une des actrices principales, Ophélie Bau, elle, s’était déjà éclipsée. La conférence de presse aura lieu sans elle. Rentré bredouille, le film sera sacré meilleur film par la critique française
Condamné à la destruction
L’Essayeuse (1976)
De Serge Korber, alias John Thomas
Film X qui se distingue par le fait qu’il a été purement et simplement condamné à la destruction par la justice française. La ligue protectrice de la famille reprochait au film de favoriser les relations extra-conjugales. Premier film subissant la destruction depuis l’occupation.
Nous nous souvenons, non sans émoi, du Dernier tango à Paris. Non pas pour la trop fameuse plaquette de beurre et certaines phrases douteuses, ni même pour Marlon Brando, mais parce que le film a anéanti l’actrice principale, âgée de 19 ans, Maria Schneider.
Photo de couverture Allociné.
Sources de l’article Wikipédia. SensCritique.
J’imagine que la longueur des textes est imposée, dommage seulement pour Le dernier tango à Paris, « scandale sexuel »!
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J’aurais voulu en dire plus… Tu as raison.
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Je reviendrai pour lire ce long article qui me semble fort intéressant.
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Merci. Je vais également aller faire un tour chez vous!
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re-moi, j’aimerais faire un reblog de cet article. Il est intéressant. Est-il possible de rajouter dans Mon Site > Partage et cocher le mode reblog ? Ce qui veut dire que cet article apparaîtra dans mon blog ou site. Je ferme les commentaires pour que les personnes que cela intéresse viennent sur votre site ou blog. Bonne soirée. Geneviève
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Bien sûr, j’aimerai bien que ce soit partagé, mais je n’ai pas trouvé Partage et cocher le mode reblog. Car c’est à moi de le faire ?
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Oui il y a une fonction pour cela. Vous êtes avec l’éditeur par bloc ?
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Je n’ai pas trouvé la fonction sur Site. Il me faudra attendre de l’aide de la part d’une personne qui viendra chez moi.
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Bon dimanche après-midi. Je vous ai envoyé un mail. À plus tard 🙏😀
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Merci Geneviève. Je viens juste de prendre connaissance de votre mail, et vous ai répondu. A demain.
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Je m’en vais lire le vôtre. A demain 😊 Geneviève
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