Par Renée Valet-Huguet
Avec une régularité têtue les créateurs de mode lâchent dans la rue pyjamas, robes de chambre ou dessous chics, en guise de vêtements de jour. Tableaux insolites et beaux. Sauf que peu d’entre nous cèdent à la tentation. Destinées uniquement au clair obscur et aux dimanches paresseux les tenues d’intérieur ?
Usage déconcertant du pyjama
C’est un vieux, le pyjama. XVIIIe siècle. Et il a roulé sa bosse. De l’Inde au continent américain, enfin l’Europe au début du XXe siècle. Seuls les hommes portent ce « vêtement de jambes » jusqu’au jour béni où Coco Chanel l’indomptable, s’en empare, le fait descendre sur la plage, à Deauville. En photographiant la couturière dans cette tenue, le magazine Vogue sacre le pyjama féminin. Ample, la taille serrée, taillé dans divers imprimés et matières, Jean Patou l’impose à ses clientes. Mais, vers 1936, le maillot de bain écrase peu à peu le pyjama de plage. Lequel revient dans les années 60, soutenu par Irène Galitzine et son Pyjama Palazzo, qui rivalise avec le modèle exécuté par Elsa Schiaparelli, pour le dîner : des jambes si larges qu’on ne devait distinguer leur séparation.
Les choses de l’intime
« Le pyjama ça fait un peu mec », entend-on, ou bien, « La chemise de nuit ça tourne, ça remonte quand on bouge ; la nuisette c’est sexy mais on a froid aux gambettes ». D’autres préfèrent la nudité comme tenue de nuit. Tentant la nudité, cependant, faire glisser sur sa peau, comme une caresse, la douceur du satin de coton, de la soie, d’un lin souple, ou de ces matières actuelles qu’on dit intelligentes, nous tire souvent un soupir d’aise. La seule vue du vêtement d’intérieur est une promesse. Le repos absolu. Celui auquel on aspire parfois au cours de la journée. Comme une porte qui s’ouvre sur les choses de l’intime, quand la transparence de la lingerie bouleverse…
peignoir Laurence Tavernier
Boutique Lily Garçonne, 2, rue Chavanne Lyon 1er
La dentelle a perdu de son snobisme, se mêle aisément au cardigan en lainage. Elle peut aussi flirter avec un jogging, la mode ayant décrété que le confort passe par cette pièce initialement vouée au sport.
Le déshabillé fait son cinéma
« Aujourd’hui, un vrai déshabillé n’est qu’un fantasme, vous vous voyez rincer les tasses du petit déjeuner manches en dentelle relevées ? », nous répond-on lors de l’enquête. Certes, cet habit, comble du raffinement, initialement destiné à recouvrir une chemise de nuit des plus vaporeuses, exige un style de vie.
Collection Nuits de Satin
L’ancêtre du jogging
Une femme de notre connaissance battait le pavé en peignoir, un tissu en relief aux motifs floraux ; années 90. Après tout, le peignoir descend de la robe. Les hommes pourtant ont chipé cet habit, vers 1930. Pour se prélasser chez eux. Les nouveaux riches rivalisaient d’exubérance, en opposition à l’habit chic mais sobre qu’ils se devaient de porter le jour. Le cinéma a admirablement restitué le luxe qu’incarnait le port du peignoir, même un simple peignoir de sortie de bain faisait envie, immaculé, mousseux, généreux. Le peignoir, ou robe de chambre, comme symbole de la réussite.
Jean-Paul Belmondo film Stavisky de Alain Resnais 1974
Nous ne sommes pas contre le simple tee-shirt pour flâner à la maison, s’il arbore un trait d’humour ou un message un tantinet subversif.
Tu dis si vrai Renée, un réel bonheur quotidien, en rentrant d’une journée harrassante: passage à la s de bain, puis enfiler une tenue d’interieur;
comme tu le dis si bien, cette pièce ( cocooning,chaude ou coquine selon l humeur,la saison ou les circonstances,est en elle-même la promesse assurée d’un bien-être et d ‘intimité;
Out les contraintes de la vie sociale…
Madame n’est désormaislà que pour les intimes…!
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Oh oui Véronique, surtout le dre’di!!!
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Ah, le dre’di…c’est sans la chemise de nuit!!!
😜🙈😇✨
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Oh mais j’imaginais bien!
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Ah Stavisky, la seule fois ou Anny Duperey a. eu de la classe!
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Comme tu as raison! J’avais aimé ce film où Belmondo était impeccable. Et sa robe de chambre… Je me promènerai avec, dans la rue….
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Renée, encore un superbe article. On apprend l’histoire du pyjama. En effet, j’envie ces femmes qui portent des dessous magnifiques mais il ne faut plus rien faire à la maison. Tu me diras c’est peut-être la solution : une belle tenue appelant au cocooning et qui nous empêche de faire à manger ou autres tâches ! Je vais y penser
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J’étais certaine que l’article te plairait… Je retiens ta solution Sabine, je la soumettrai aux lectrices!! Merci pour ton appréciation, pour ta fidélité au blog.
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Excellent survol des modes pour l’intérieur, et comme toujours, Chanel, précurseur.
Bonne soirée – Merci pour ton abonnement à mon blog. 🙂
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Vois-tu, France, j’avais écrit cet article avant ce confinement, et je pense aujourd’hui que l’article a toute sa place dans le blog, que les lectrices peuvent revenir vers lui pour se donner envie de s’habiller bien, chez soi. Oui, « Chanel, précurseur », et à laquelle nous devons tant!
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