Par Renée Valet-Huguet
Une exposition vérité sur l’itinéraire trop court d’une comédienne qui reste à jamais l’incarnation de la femme moderne. Romy Schneider, à la Cinémathèque. Et, admiratrice indéfectible, la Galerie de l’Instant déploie des photos rares. Fascination
Une lectrice nous confiait, « Ma vie, je l’ai calquée sur celle de l’héroïne du film de Claude Sautet, Une histoire simple : se prendre en main, décider d’avorter, de quitter un homme, parce qu’on est indépendante. J’étais jeune, et folle de Romy Schneider, comme tous et toutes ! Ma fille aussi a vu tous les films de Sautet, son préféré c’est Les choses de la vie ; la fragilité du bonheur, selon elle. »
Vie et cinéma confondus
Morte il y a quarante ans à l’âge de 43 ans, la comédienne commence tôt à contrarier son destin ; quittant l’Allemagne, se défaisant de Sissi, passant de la grâce juvénile à la grâce inébranlable, elle multiplie les choix audacieux. « J’avais l’air d’une petite fille modèle et maintenant je commence à ressembler à ma vraie nature : impatiente, nerveuse et volontaire. »
Avant la collaboration avec les plus grands, Luchino Visconti, Orson Welles, Otto Preminger, Alain Cavalier, Henri-Georges Clouzot, Joseph Losey, Claude Sautet, Costa Gavras, Claude Chabrol, il y eut la construction de l’actrice. « En Allemagne, j’étais rayée, en France, je n’étais pas encore « inscrite ». Je n’existais pas comme « actrice ». J’étais connue comme la joyeuse compagne de la future star mondiale Alain Delon. »
C’est Luchino Visconti qui ébranlera le train du succès. En 1961 il met en scène une tragédie de John Ford, Dommage qu’elle soit une putain, lançant sur la scène parisienne Romy Schneider, et Alain Delon. Elle triomphe. Puis elle apparaît, autre, dans Boccace 70 (1962) film à sketches du cinéaste italien, sophistiquée dans les habits de Gabrielle Chanel ; la comédienne avait appris à jouer de sa sensualité.
Des films où elle irradie, tour à tour envoûtante, séduisante, sulfureuse, déchirante, puissante. Le public lui porte adoration, elle sera une belle prise pour les médias.
Un premier César de la meilleure actrice pour L’important c’est d’aimer, en 1976, un second pour Une histoire simple en 1979 et, à titre posthume, un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, en 2008.
Le choix de la Cinémathèque
« On paie tout dans la vie, et très cher », avait lâché un jour Romy Schneider. Tard dans sa vie. Sans une once d’amertume, une constatation, coulée dans un sourire bref. De sa vie, où le tragique s’immiscera, Clémentine Deroudille, la commissaire de l’exposition Romy Schneider, choisira de montrer la modernité de la comédienne, sa liberté, son engagement. « J’ai voulu redonner la parole à Romy, une parole qui, depuis quelques années, lui avait été confisquée. »
Un hommage fort à celle qui a marqué l’histoire du cinéma, marqué la mémoire collective. Et, cernés des très nombreuses images réunies, documents de tournage, lettres, télégrammes, de films évoqués, certains visiteurs se retrouvent devant les pans de leur propre vie.
Romy Schneider, Marguerite Duras et Mélina Mercouri sur le tournage de 10:30 p.m. Summer, Jules Dassin, 1965. Photo Roger Viollet © Roger Viollet Images
La Galerie de l’Instant
La galerie nous interroge : « Combien de comédiennes aujourd’hui se réclament d’elle, s’en inspirent, la vénèrent ? » Tandis que, suspendues au fil de la tendresse, des images de la comédienne forment à elles seules la lumière. Rares photos en noir et blanc, choisies avec sensibilité : « Nous proposons pour cette exposition d’ignorer le chagrin et le désespoir de la fin de sa vie pour ne retenir que sa liberté. »
Romy Schneider, à la Cinémathèque Française, 51, rue de Bercy, 75012 Paris, jusqu’au au 31 juillet 2022. Romy, La Vie et le Cinéma, Galerie de l’Instant, 46 rue De Poitou, 75003 Paris, jusqu’au 16 mai 2022
Le vestiaire conçu par Chanel pour l’actrice dans l’épisode Il lavoro de Luchinon Visconti, dans le film à sketch Boccace 70, (1962)
Cinédis – Francinex / Editions René Chateau Vidéo
© Giancarlo Botti/GAMMA-RAPHO
© Giancarlo Botti/GAMMA-RAPHO
Correctrice/Relectrice : Elsa de Breyne
Photo de couverture : Romy Schneider dans Max et les Ferrailleurs, Claude Sautet, 1971 © STUDIOCANAL – Fida Cinematografic
Excellente ID d’expo !
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Merci Isabelle, une actrice inoubliable, et les expos hommages sont belles. À bientôt !
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J’ai bien l’intention de voir cette exposition car Romy Schneider est une de mes actrices préférées toujours excellente dans tous les films où elle a joué. Et trop d’épreuves dans sa vie si courte.
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J’étais sûre de ton admiration pour cette actrice. L’exposition est riche. Tout le monde a répondu pour faire des prêts à la Cinémathèque, Delon a même prêté des vêtements qu’il détenait. C’est la première fois que la Cinémathèque fait une expo sur une actrice, et c’est réussi. Bises
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Une belle et émouvante exposition que vous transmettez fort bien, merci. Trop de tragique alors qu’elle aimait tant la vie – amitiés
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Merci France ! En fait cette actrice est un pan de notre jeunesse, nous l’avons vue dans tant de films. Oui, elle aimait la vie, elle aimait rire, beaucoup, faire la fête, et cette vie lui a réservé un mauvais sort. La vie est souvent injuste. Amitiés.
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Elle irradie dans chacun de ses rôles, dans chacune de ses photos, elle irradie de beauté et d’émotion comme si, même dans son rire, elle pressentait la tragédie en marche… Merci Renée de nous faire partager cette exposition. Amitiés, Danielle
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Merci Danielle ! Elle aimait rire, faire la fête, bref elle aimait la vie. Mais la tragédie veillait. La tragédie doit avoir des têtes de turc sur lesquelles elle s’abat, et s’accroche. Romy Schneider était franchement photogénique, et elle fut, avec M. Monroe l’actrice la plus photographiée. Son père lui disait : « tu as de la chance, tu es photogénique c’est tout ! » Amitiés, Renée
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Je compte y aller. Chaque fois que je vais voir une expo c’est mon beau-frère, qui y travaille, qui me fait la visite. J’ai droit à plein d’explications complémentaires. J’adore.
Merci pour ton article. Comme d’habitude, c’est parfait.
Des bises pour Renée.
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Oh ! Mais quelle chance d’avoir un beau-frère dans la place ! Les expos là-bas sont toujours riches, celle de Gaultier débordait d’éléments ! Je te remercie de ce commentaire, par ailleurs élogieux. Bises mon cher Régis
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Ce que je retiens de Romy, c’est la tendresse et la douleur dans son regard. Elle était toujours si juste dans chacun de ses rôles. Les photos de cette expo sont vraiment belles. Merci chère Renée de nous avoir présenté cet hommage à une si grande actrice que nous ne pouvons pas oublier.
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Merci Sylvie ! Elle est un pan de notre vie culturelle. Les années bonheur… Romy Schneider, actrice allemande que les xénophobes n’ont jamais attaquée sur sa nationalité. C’est dire qu’elle était grande.
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Coucou ma belle.
Je suis toujours ton blog et le lis avec intérêt et complicité.
Lire ce texte aujourd’hui est néanmoins une souffrance tant je l’ai aimé.
C’est bizarre mais j’évite toujours de penser à mes amours passés.
Sincèrement tien.
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Oh ! Yvon, je ne voulais pas te faire de mal, je te comprends cependant. Je t’embrasse. Merci de m’être fidèle.
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