Par Renée Valet-Huguet
Indispensable, s’affichant sous mille facettes, la petite robe noire hante toutes les époques. Hante Didier Ludot, « le pape du Vintage ». Il fonde pour elle un royaume : la boutique parisienne La petite robe noire. Avec Félix Farrington, ils réinventent la pièce mythique. Aujourd’hui, prototypes, patronages, créations et pièces Vintage sont proposés aux enchères. Maison de ventes Cornette de Saint Cyr. Le 8 mars 2022


Didier Ludot, Collection Prêt à Porter, 1999-2015
Modèle Aigue Marine, robe de cocktail.
Estimation 100 – 150 Euros
acrylique sur toile de René Gruau. © François Benedetti
J’aime la couleur, tant que c’est du noir
À l’automne dernier, des rédactrices de mode glorifiaient le beige, l’intronisant nouvelle couleur tendance de l’hiver. Et des saisons suivantes. Affirmant : le beige est le nouveau noir. Ce dernier jugé trop terne, trop pessimiste, ou trop classique, était frappé de désamour. Les femmes en pinçaient pour le beige, lequel allait reléguer le noir, un classique de l’hiver, au rang des couleurs désuètes. Bigre !
Certes, on a vu, dans les vitrines, dans la rue, le beige enlaçant l’écru et le blanc, et, un instant, nous avons cru entendre la voix saccadée de Mademoiselle Chanel : « J’aime la couleur, tant que c’est du noir ».
Et la remarque de la couturière, qui, en 1926, avait fait glisser dans la mode la petite robe noire, nous ramena à l’ouverture de l’entretien que nous avait accordé, douze auparavant, l’antiquaire de mode, Didier Ludot, expert renommé en haute couture, communément appelé « Le pape du Vintage » : « Dans une garde-robe je cherche toujours les traits noirs. »
En 68, la bourgeoise est tombée, pas la robe noire (DL)
Intarissable sur cette pièce magique, car gommant tous les défauts, accentuant les qualités, Didier Ludot brûle depuis l’enfance pour la petite robe noire, quintessence du chic. Qui rallie à elle toutes les générations. Et nous gardons un souvenir impressionné de la soirée que l’antiquaire de mode lui consacra, au Palais Royal. Dans les galeries de Valois et Montpensier, les boutiques avaient cédé au magnétisme de la pièce iconique, chacune d’elles ornant leurs vitrines de petites robes noires, datant de 1926 à nos jours, issues des archives personnelles de Didier Ludot. C’était en 2009. Dix ans auparavant, comme un homme épris met dans ses meubles l’être adoré, il avait crée une boutique, juste pour elle, et une griffe, « La petite robe noire ». Fait inédit. En duo avec Félix Farrington, le directeur artistique, ils la réinventent, donnant aux modèles noms ou prénoms évocateurs de femmes mythiques, mannequins ou actrices.


En 2001, Au fil des pages, Didier Ludot parle d’elle. La petite robe noire, (éditions Assouline) « Robe de femme licencieuse ou de diaconesse, de veuve ou de vamp, de bourgeoise ou de domestique, la petite robe noire est l’alliance des contraires. Avec elle, c’est le triomphe de l’ambigüité, le diable qui se fait ermite. »

Les Petites Robes Noires de Didier Ludot – Création Didier Ludot et Félix Farrington, Prêt à Porter 1999 – 2015
Aujourd’hui, trois cents pièces, prototypes, patronages, ainsi que des modèles de boutique de ses créations réalisés entre 1999 et 2015 sont proposés aux enchères. Également des pièces vintage et de Haute Couture des années 1930 aux années 2010.
Neuf toiles de René Gruau, (collection particulière) seront présentées.
Maison de ventes Cornette de Saint Cyr. Le 8 mars 2022, 14h30. Directeur du département Hubert Felbacq. Lien catalogue https://auction.cornettedesaintcyr.fr/catalogue/121889?

Estimation 60 – 80 Eur
© François Benedetti

© François Benedetti

© François Benedetti

© François Benedetti
Vintage Haute Couture

Estimation 300 – 400 Eur
© François Benedetti

Directeur artistique : Gérard Pipart Estimation 200 – 300 Eur
© François Benedetti

Estimation 200- 300 Eur
© François Benedetti
Vintage Prêt à Porter

Estimation 300 – 400 Eur
© François Benedetti

Estimation 120 – 150 Eur Crédit photo © François Benedetti

Estimation 120 – 150 Eur
© François Benedetti

« Elle (la petite robe noire) a su s’adapter à tous les contextes sociaux et transcender toutes les époques. Elle aurait pu s’affadir pendant la guerre, mourir en 68 comme symbole de la bourgeoisie, or pas du tout. Raccourcie, modernisée, elle a survécu à tout. Elle appartient désormais au patrimoine français ! ». Didier Ludot.
Correctrice/Relectrice : Elsa de Breyne
Photo de couverture : Ministère de la Culture
Il faut quand même un certain chic naturel pour porter ce qui est, apparemment, la simplicité même mais exprime le summum du style, j’imagine plus Carole Bouquet ou Juliette Gréco dans une « PRN » qu’une starlette tv, non?
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François, ton oeil est terriblement juste !
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Toujours très intéressant – merci – amitiés 🙂
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Merci France, je pensais bien que l’article t’intéresserait. C’est tout de même un mystère cette petite robe noire, qui plaît à tous. Une étudiante de l’Université de la Mode
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France, ma réponse est partie trop vite, je te disais que la petite robe noire plaît à tous, et j’ai été surprise de voir arriver à la maison une étudiante de l’Université de la Mode, venue pour un entretien, jeune, joliment ronde, glissée dans une robe noire en crêpe de laine, manches courtes, et par dessus un cuir noir, aux pieds des baskets ; l’ensemble, acheté en seconde main, était superbe. Amitiés
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Simplicité et classe ne se laissent pas apprivoiser par n’importe qui ! Mais quand celle qui porte la petite robe noire est « habilitée », c’est irrésistible.
Merci pour ton article ma chère Renée.
😘
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Comme tu as raison, cher Régis ! Justement, François Cohendy, notre journaliste cinéma lyonnais, m’a envoyé des photos de petites robes noires portées par certaines dames du cinéma, et toutes sont si différentes, je veux dire l’allure ! Et puis la robe noire est malléable, les créateurs la réinventent, lui donnant toutes sortes de figures ! Songe à la robe noire dos nu portée par Mireille Darc dans Le grand blond… Pierre Richard manque de s’évanouir en voyant la face cachée ! Merci de ta présence sur le blog, je t’embrasse.
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Sais-tu qu’en plus Mireille Darc lui avait interdit de lorgner sur son cul. Et que Pierre Richard a respecté cette demande. Il s’en mord encore mes doigts.
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Pierre Richard est un seigneur !
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J. Cocteau : « La mode meurt jeune ». Mais pas la « Petite robe noire »!
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Votre ajout à la réflexion de Cocteau est tout à fait vrai !
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Toute la beauté et la classe se trouve dans la simplicité de cette fameuse petite robe noire que nous avons toutes eue dans nos dressings beaux souvenirs de belles soirées !
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Oh! Oui, Patricia, les souvenirs…
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Oui le noir, c’est chic ! Et avec Mademoiselle Chanel, je peux dire: « J’aime la couleur, tant que c’est du noir ». Et la fameuse petite robe noire nous donne des ailes …
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Merci Sylvie, je me doutais bien que le noir vous avait également envoûtée !
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Cet article sur » La petite robe noire » m’a amusée. A ma génération, nous avions toujours cette fameuse petite robe noire qui s’adaptait à toutes les circonstances. J’aurais aimé la voir porter avec blouson de cuir ( quelle couleur ?) et baskets. Je ne savais pas que son origine était aussi lointaine… J’aime beaucoup cette histoire de la mode. Geneviève
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Merci Geneviève ! Il est vrai que les jeunes femmes, aujourd’hui, ont retiré à la « petite robe noire » cet aspect un peu sérieux, en la mariant à des choses décontractées et le mariage est heureux. Ne jamais oublier les bases !
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« sometimes it snows in April », et c’est génial ! Quelque articles de ce blog, et c’est parfait !
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Oh ! Merci Manuela ! Je suis très touchée, et, encouragée ! Je t’embrasse
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