Par Renée Valet-Huguet
C’est un film qui donne faim ! Le récit escarpé de l’invention du premier restaurant, à la veille de la Révolution Française. “ Cuisiner c’est donner du plaisir à tout le monde et non pas à une élite. »

La violence emperruquée
« Il faut faire vivre le goût, sans le maquiller« , assène Pierre Manceron, cuisinier aussi ingénieux que cabochard. L’homme exerce au XVIIIe siècle. Rond, jouisseur, orgueil de la maison du duc de Chamfort, son maître. Un jour d’audace Manceron scelle une union évidente, pomme de terre et truffe, les façonne en chaussons, les envoie en préambule d’un repas d’importance. Courroux de l’intendant : ces innovations n’avaient pas été commandées.
Prié, au terme du repas, de se présenter devant le duc qui « veut faire son commentaire », le cuisinier reçoit des louanges de toutes parts. Sauf un homme d’église qui l’asticote, brutalement. Quoi ? « La pomme de terre et la truffe, c’est bon pour les cochons. » Les convives se ravisent, et, déchaînés, surenchérissent de pitreries sauvages visant à massacrer le cuisinier. Qui reste impavide. Voyant s’écrouler le prestige de sa table, le duc Chamfort souffle à la face de son domestique, « Excusez-vous. » Silence. Alors, un hurlement du maître. Le sort en est jeté. Chassé. Et c’est à cet instant, à son insu, que s’ébauche le destin du cuisinier Manceron, tandis qu’au dehors se profile une mutation inimaginable qui aboutira au démantèlement de la monarchie.
Les images ont quelque chose de la peinture ; de ces tableaux, parfois trop beaux.


Drôle de révolution
Notre cuisiner regagne ses pénates, un relais de poste abandonné, vers l’Auvergne. Il vivote, dans l’attente folle que son maître le réclame. Son fils, lettré et vif, sert une soupe claire aux cochers de passage. Un beau jour déboule une femme décidée, elle veut être l’apprentie de Manceron. Stupeur ! « Trop vieille pour être un apprenti », et les femmes n’exercent pas ce métier. Et puis il a renoncé à la cuisine.
Elle finit par s’imposer. Lui se défait peu à peu de sa peau d’ours. Mais il flaire un mystère. Enfin il la démasque. Du moins le croit-il.
Habile scénario où les rebondissements surviennent quand c’est nécessaire ; des petites histoires coulées dans la grande, qui emballent d’autant que les remarquables interprètes, Isabelle Carré, Grégory Gadebois, et Benjamin Lavernhe, diablement perruqué, dans le rôle du duc de Chamfort, endossent, avec un naturel saisissant, les costumes d’époque.

L’apprentie, doucement, poussera le cuisinier à sortir de sa condition de domestique, l’entraînera dans une drôle de révolution. Tous deux inventeront ce que lui nomme « une chambre à manger », un lieu de bouche, « où tous les clients sont ducs et tous les clients sont rois », ajoutera le fils.


Le réalisateur Éric Besnard, (Mes héros, 600 kilos d’or pur) s’essaie au film d’époque, et nous plaçons Délicieux tout en haut de ses réalisations. Surtout, le film semble être une ode à ces lieux de plaisir dont la preuve a été faite, pendant les différents confinements, qu’ils nous sont essentiels.
Correctrice/Relectrice : Elsa de Breyne
Photo de couverture : AlloCiné Copyright Jérôme Prébois / 2019 Nord-Ouest Films
Chère Renée, j’aime beaucoup ta présentation, merci ! Amitiés 🙂
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Merci chère France. Tes intéressants articles sur le cinéma nous prouvent ton goût pour cet art. Et, d’autres articles ont montré ton goût pour la cuisine, pâtisserie. Aussi tu ne pourras qu’apprécier ce film, nommé Délicieux. Tu avais du voir, en son temps, Le festin de Babette », qui mettait l’eau à la bouche. Bon week-end. Amitiés
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Un bon repas c’est le partage de plats succulents avec des amis charmants et des échanges enrichissants.
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Oui! et d’autres films, tel Le festin de Babette, ont immortalisé le plaisir de cuisiner et de partager de bons plats. Le plus souvent, moments de grâce.
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Superbe article. Tu sais nous donner envie de voir ce film. Et de plus, nous savons que nous se serons pas déçus. J’adore les films qui parlent de cuisine. Je pense au Festin de Babette et d’autres dont j’ai oublie le nom.
Merci beaucoup ma chère Renée.
Je t’embrasse,
Régis
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Merci bien sincèrement, mon cher Régis. Bien sûr, le film ramène à ces magnifiques films qui ont comme sujet la cuisine. Le festin de Babette étant celui qui a marqué. Nous parlons là de cuisine, et non pas de bouffe, pour rappeler le scandaleux « La grande bouffe »!! que j’avais aimé à l’époque. Bonne journée, je t’embrasse.
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Belle journée. 😘
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Comme c bon et jouissif de lire pareil propos. L’éphémère est ma devise même si j’ai une cuisinière pour combler les lacunes tandis que je continue à jouer les dandys par ailleurs. Renee continuez vos promenades… je m en régale avant de vous rencontrer. Votre fan !
Envoyé depuis mon smartphone. Yvon MEAR 2 Impasse Jean Rostand 29910 Trégunc 06 48 98 20 96 – mear.yvon@gmail.com ________________________________
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Comme c’est savoureux, Yvon, de vous lire. Merci. Je vous sais dandy, et bec fin, et je suis certaine que votre cuisinière vous remplit de ces choses de la mer cuisinées sincèrement.
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Merci chère Renée pour cette présentation d’un film à voir absolument. » Le festin de Babette » fut un régal de raffinement, contrairement à » La grande Bouffe » que j’avais moi aussi vraiment aimé pour ses acteurs fantastiques et pour l’histoire elle-même qui, en fait, ne parlait pas de » bouffe « , mais bien d’une fin de vie dans » un plaisir » fondamental.
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Chère Sylvie, merci à vous de suivre si attentivement les articles du blog. Je pense exactement comme vous, concernant « La grande Bouffe ». Cette époque fut un tournant. Il y eut aussi tant de bonnes chansons, de bons interprètes. Mais chaque époque réserve des surprises!
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