Par Renée Valet-Huguet
« En thérapie ». Série troublante où le spectateur peut s’identifier soit au patient fiché sur le divan, soit au psychanalyste. Un huis clos qui restitue les émotions de personnes aux prises avec la vie, mais aussi le malaise d’un pays, en l’occurence la France, au lendemain des attentats de 2015. Exercice risqué. Une incontestable réussite. C’est sur la chaîne Arte, 35 épisodes, à partir du 4 février

Une première
Nous sommes moins embarrassées de vous confier notre peu d’attirance pour le format série, puisque les deux réalisateurs de « En thérapie », Olivier Nakache et Éric Tolenado avaient avoué pareil sentiment. Aujourd’hui ils apportent la preuve qu’une série peut accéder aux salles obscures. Le duo est servi par l’époque. L’idée de cette série leur est venue après le traumatisme des attentats de 2015. « On a ressenti que nous avions tous un besoin partagé de dialogue et d’écoute. »
Nous connaissions les deux réalisateurs sous des jours rigolos, leurs comédies où de temps à autre le drame affleure, « Nos jours heureux », « Intouchables » et l’irrésistible « Le sens de la fête » ; aussi, « En thérapie » devenait-il à nos yeux curiosité. D’autant qu’il s’agit de l’adaptation de l’oeuvre israélienne d’Hagai Levi, Be’Tipul, créée en 2005.
Pour la réalisation, le duo s’est entouré de Pierre Salvadori, Mathieu Vadepied et Nicolas Pariser.
Les maux de l’âme
C’est l’automne 2015, à Paris. Tout juste après les attentats. La ville est toujours saisie d’effroi.
Ils sont cinq, dont un couple, à se présenter chaque semaine au pied d’un immeuble, non loin du Bataclan. Dans un cabinet empreint de bienveillance, où se détache un divan rougeasse, un nommé Philippe Dayan (lumineux Frédéric Pierrot ) les reçoit. Il pratique la thérapie par la parole. Dans ce domaine, chaque mot résonne avec une certaine importance. Les silences aussi comptent. Et puis les gestes ; des jambes qui se replient, un regard qui se perd. Les dialogues, amplement étirés ne lassent pas, ciselés à souhait. Forcément tous différents, venant du plus profond d’un couple en crise (Pio Marmaï et Clémence Poésy ), d’une jeune chirurgienne portant le deuil des morts du Bataclan (Mélanie Thierry), d’une adolescente incertaine (Céleste Brunnquell), et d’un flic jeté dans l’enfer du Bataclan, qui reste empli d’une anxiété mortifère, (Reda Kateb. )

Philippe Dayan, submergé par ces diverses émotions qui affluent, lui-même étant en tourmente conjugale, renoue avec son ancienne analyste, Esther (Carole Bouquet ), qu’il n’a pas revu depuis une douzaine d’années. Et nous avons retenu, pour la resservir au besoin, la remarque fameuse d’Esther : « Avec toi, il y a ce que tu es venu dire, ce que tu es venu ne pas dire, et puis ce que tu es venu ne surtout pas dire. »

Dans une mise en scène soignée, la série, à mesure qu’elle avance gagne en profondeur. Mettre à nu l’inconscient n’est pas chose aisée au cinéma, les comédiens réussissent à rendre intéressant, captivant parfois ce huis clos.

Certes, la série accuse quelques défauts, liés probablement au format. N’empêche, nous restons sur le divan. Et nous ravalons notre espèce de dédain à l’égard des séries.
Photo de couverture : Copyright Les Films du Poisson
Merci pour cet article. Je compte regarder cette série. Ton article ne fait que me conforter dans mon idée.
Bonne soirée Renée.
Bises,
Régis
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Merci Régis. J’ai bien pensé que cette série t’intéresserait. Les séries françaises ne sont pas toujours formidables, mais celle-là est singulière. Bonne soirée. Bises.
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Avec, notamment, Frédéric Pierrot, Reda Kateb et Pio Marmaï dans la distribution, je suis preneur… les yeux fermés!
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Frédéric Pierrot… second rôle qui là sera présent tout du long, avec sa voix profonde. Acteur de théâtre, il a pu retenir les neuf cent pages de texte!
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J’avais des doutes mais voilà qui me donne envie de regarder. Merci Renée ! Danielle
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Merci Danielle! Un huis clos est toujours difficile à filmer. Mais il y a là une bonne progression. Bonne journée
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Exactement Danielle !
J’étais très réticente, et l’article de Renée est bien convaincant.
Je vais regarder même si j’ai un peu de mal avec Mélanie Thierry…
Et en plus la série démarre par elle, du coup j’ai coupé 😉
Je regarde et je reviens pour le débriefing Renée !!!
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Merci de votre passage. J’ai apprécié votre article, clair, bien écrit. Merci de parler de nous.
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