Par Renée Valet-Huguet
Dans la foulée d’une France qui évolue, les Miss ne se contentent pas de promener leur sourire éclatant d’une inauguration de Foire Expo à l’autre ; elles parlent. Osent. Répliquent aux féministes. Elles sont nombreuses à s’engager pour le droit des femmes, des actions humanitaires. On décode ?

» C’est si dangereux d’être trop belle ; et l’orgueil vient si vite au cœur humain ! » Maurice de Waleffe, à l’origine du concours La plus belle de France, 1920
La controverse
C’était il y a 100 ans. En créant le concours « La plus belle femme de France », le journaliste et écrivain belge Maurice de Waleffe démontrait à un public conquis que la beauté pouvait être mise en concurrence. Les critères écartaient une grande partie des femmes, et même si Sylvie Tellier, directrice du concours, déclare que les critères sont plus en accord avec les femmes d’aujourd’hui, les féministes tempêtent. « Machine à complexes. Concours sexiste, ringard, porteur d’un idéal de beauté inatteignable. Et ces milliers de petites filles devant lesquelles on devrait plutôt aligner des femmes de talent, d’engagement. »
Toutefois, les mêmes détractrices épargnent les participantes, à l’instar de l’autrice féministe Clarence Edgar-Rosa, qui estime auprès du magazine Elle : « Ce défilé de femmes, c’est, certes, fort peu féministe au premier coup d’oeil. Mais ce qui l’est encore moins, c’est de mépriser celles qui font le choix d’y participer, supposant qu’elles sont des gourdes. Certaines d’entre elles sont bien plus smart que la plus smart de vos copines. Oui ! Pour elles, cette mascarade à base de fard à paupière violet est un moyen d’atteindre leurs objectifs, souvent loin d’être futiles. Se frayer un chemin dans les dédales d’une société sexiste en utilisant ses rouages à son avantage… N’est-ce pas une stratégie d’affirmation aussi louable qu’une autre ? »
Au Pérou, une élection de Miss comme tribune
Nous, nous avons frémi de contentement devant le coup d’éclat prémédité des Miss, au Pérou, lors de l’élection en 2017. Présentation au public, invitation à dévoiler leurs mensurations. La première candidate lance : « Mon nom est Camila Canicoba et mes mensurations sont 2 202 féminicides en neuf ans dans mon pays. » Les vingt-trois finalistes ont, par ce biais, dénoncé les violences faites aux femmes.
Les Miss françaises, de manière plus soft, relaieront les messages en faveur des droits des femmes.

Le couturier du défi
Au plus près des candidates un homme attentif, et à leur aspect, et à leurs aspirations. Nicolas Fafiotte, couturier aussi talentueux qu’humain, à l’origine de la première robe Miss France pour Sylvie Tellier ; robe qui scellera une amitié et une confiance sans accroc. Amarré au concours depuis 2006, le couturier lyonnais créait, réalisait jusque-là les robes des cinq finalistes. Cette année, partenaire officiel du concours, il surfait sur un océan de tissu, devant habiller les vingt-neuf candidates, et, Sylvie Tellier. Du sur-mesure. Inspiration années 50. Surtout dans le refus du « côté sexy »
Des centaines d’heures d’un travail minutieux. Généreux aussi de paroles, le couturier nous confiait : « Les candidates gagnent en confiance. » et il raconte la formidable ascension professionnelle des Miss, de ces dernières années, qui, probablement, croyaient qu’un avenir radieux n’était pas pour elles.

Nous avons peu de goût pour la soirée Miss France, soirée d’excitation où les téléspectateurs votent, façon émission téléréalité. Nous retenons simplement l’évolution des concours de beauté ; ayant été frappées par l’élection Miss Univers 2019, qui sacrait la Sud-Africaine, Zozibini Tunzi, Miss Afrique du Sud 2019. Refusant de trafiquer ses cheveux crépus, elle apparaissait, belle, noire. Avec ces mots : « J’ai grandi dans un monde où une femme comme moi, avec mon type de peau et mon type de cheveux, n’a jamais été considérée comme étant belle. », et d’ajouter : « Je pense qu’il est temps que ça change aujourd’hui. »
On ne compte plus, dans le monde, les femmes de couleur qui ne martyrisent plus leurs cheveux crépus pour satisfaire au modèle occidental.

Zozibini Tunzi. Miss Univers 2019. Photo Tumblr Pinterest
Source article : magazine Elle. Photo de couverture : Les candidates à Miss France 2019 ©Sipa
C’est intéressant pour l’historique, merci. Il y a quelques années le maire de Dinard organisait de très belles expositions. Lors de l’exposition » Botero « , des officiels venus de Colombie étaient présents à l’inauguration; dont Miss Colombie. J’ai été choquée par les airs lubriques des vieux messieurs surtout qui se précipitaient pour voir Miss Beauté le plus près possible. Horrible.
amitiés 🙂
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Les messieurs sont surtout attirés par la présentation des Miss en maillot de bain… J’imagine bien la scène que tu décris, à Dinard. Consternant. Ce manque de retenue, on l’observe couramment. D’où la réaction furieuse des féministes. Merci France de ton commentaire. Amicalement.
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C’est bien de mettre les pendules à l’heure et de rappeler que le mépris n’est en rien une valeur humaine: les Miss ont le droit de vivre.
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Merci François. Comme tu exprimes bien ce que je ressens. Tu dis toujours vrai.
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Intéressant. C’est vrai que ces concours de beauté peuvent servir de tribunes pour de bonnes causes mais tout de même, les photos de défilé en maillot m’inspirent toujours un fort sentiment de malaise. Comme les tableaux de marché aux esclaves des peintres orientalistes…
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Merci de votre commentaire. Je vous comprends. Ainsi que je l’ai signalé en conclusion, je n’ai pas de goût pour la soirée spectacle, de même pour le défilé auquel vous faites allusion.
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Miss Colombie se présentait comme une poupée qui souriait mécaniquement- et elle était en robe longue. Ils en salivaient les vieux messieurs,qui se bousculaient pour l’approcher … il faudrait- ou pas – une vidéo !
Je comprends les féministes. Amitiés 🙂
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Je comprends ton sentiment. Cela dit, c’est bien sûr moins people, mais mon boulanger avait, un temps, employé une ravissante jeune fille, très jeune, et de vieux messieurs s’adressaient à elle avec une gourmandise à peine cachée. J’en étais gênée. Il n’est pas facile d’être fille, jeune fille, femme.
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Très bel article, merci pour ce beau partage enrichissant 🙂
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Merci à vous d’avoir pris sur votre temps pour lire l’article.
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