Par Renée Valet-Huguet
Leur absence dans certains médias est préoccupante. Les femmes photographes professionnelles. Leur créativité sera visible à Houlgate. Quatorze expositions déployées à l’air libre. Du 7 août au 25 septembre. Acte fort.

L’injustice du regard
Éternel le mythe du photographe masculin aventurier? Pas si sûr et pourtant, si l’apport des femmes photographes dans ce métier grandit, moins d’un quart des photographes des grandes agences sont des femmes. Elles gagnent moins bien leur vie que leurs confrères. Et leur est réservée seulement 25% de la programmation des événements photographiques. Des raisonneurs nous opposent : « Certaines sont reconnues, ont reçu des prix, même prestigieux » Certes mais peu.
Houlgate, délicate cité balnéaire abrite un festival pour elles seules, femmes photographes professionnelles. Non pas « en opposition aux hommes et à nos confrères », comme l’indique Béatrice Tupin, directrice du festival, mais « pour tenter de réparer, compenser le manque de visibilité des femmes ».
L’espoir au milieu des ruines – Rétrospective des photographies de guerre
Christine Spengler, photographe et Marraine du festival, a couvert les conflits majeurs du XXe siècle. Elle estime que « le fait d’être une femme photographe dans la guerre a toujours été un avantage ». Du moins pour elle-même. Dans le danger de l’Iran de Khomeyni, elle pouvait occulter son Nikon sous son voile pour prendre des photographies qui auraient été interdites aux hommes. « Pour exercer ce métier, il faut avoir le courage et la détermination d’un homme, pourtant mes photographies emblématiques je les ai prises avec mon coeur de femme… »
Exposition Place St Aubin

Esprit de famille. La préférence du fils
Après un voyage dans les Balkans, accompagnée de deux photographes hommes, Julie Franchet lauréate du Grand Prix 2019 remarque : « Jamais nous n’avons eu le même regard sur les endroits ; il me semble fondamental de mettre en valeur autant le regard des femmes que celui des hommes, au risque de manquer une partie de l’histoire ».
Son appareil a pénétré l’intimité de la société patriarcale arménienne. Dans la région la plus pauvre d’Arménie, le maz de Gegharkunik. Là on mise sur le fils. Seul destiné à travailler pour « la postérité de la maison paternelle », la fille faisant office de soutien à sa belle-famille. Le sort qui attend les femmes nous glace : mariage, enfanter (un fils au moins). Une vie entière sous la férule de la famille ; soumises à des lois morales qui vont à l’encontre de leur volonté, parfois elles flanchent. Malgré les efforts du gouvernement, les avortements sélectifs se répètent.
Exposition Le Jardin des Roses

Génération Poutine
Vadrouillant désormais autour des frontières occidentales de la Russie, Aude Osnowycz a braqué son attention vers une jeunesse russe construite sur les obsessions poutiniennes. Écoles militaires, jeux de guerre, clubs patriotiques. Certains cependant lorgnent l’Europe et son mode de vie. La photographe sonde les contradictions d’un pays partagé entre l’envie d’ouverture des jeunes générations, et la folle attirance pour un despote hanté de patriotisme. Images troublantes.
Exposition Place de l’Eglise Saint Aubin


Outre la découverte de ces talents de femmes, poussons jusqu’à Cabourg, pas si éloignée, où rôde l’ombre de Proust.
Cela me donne envie d’aller roder à Houlgate pour profiter de ces expositions. Merci Renée.
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Houlgate est une charmante cité balnéaire, et cette exposition donne au lieu une atmosphère sympathique. L’an dernier des photos garnissaient la promenade de la plage. Oui, Régis, allez faire un tour là-bas, cela devrait convenir à votre sensibilité.
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J’irai bien en août si l’expo n’est pas terminée.
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Claude, l’expo commence le 7 août. Et se terminera le 25 septembre. J’ai bien pensé, en l’écrivant, que tu serais tentée…
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Très intéressant- merci
Les femmes photographes sont en bonne place au Musée d’Orsay
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Oui, c’est vrai, France, Orsay leur a fait une bonne place.
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Des photos, surtout la petite fille sur les chars nous parlent. Du moins à ma sensibilité. Quant aux femmes reporters, il y a quelques années, j’ai pu assister à un reportage dont voici le lien :
http://www.aqui.fr/societes/femmes-grand-reporters-des-journalistes-au-front,9904.html
Un reportage d’un grand intérêt. Une exposition photographique y était associée.
Houlgate, un endroit de saison, où il ferait bon de s’égarer en espérant pendant ces dates pouvoir circuler.
Merci Renée. Bonne nuit 😴
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Vous avez raison, Geneviève, les photos nous parlent. J’ai moi-même été sensible à cette scène du fils unique, roi dans sa voiture jouet, élevé dans la certitude qu’il est l’héritier du mâle dominateur. Merci pour votre commentaire assorti de ce reportage des plus intéressants. Merci de votre intérêt pour le blog.
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J’aime particulièrement la photo des jeunes danseurs au Kremlin. On y ressent effectivement cette dichotomie expliquée dans le paragraphe qui lui est dédié.
L’article est, comme d’habitude ultra intéressant et magnifiquement illustré.
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Merci Manuelle d’exprimer ton sentiment sur cette photo, frappante, à mon sens, qui transporte tant de choses… Merci aussi pour ton appréciation sur l’article, qui m’encourage.
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